Les salaires des travailleurs de l’éducation en Ontario: l’impact de dix années de compression

Au cours de la dernière décennie, les augmentations salariales qui étaient in- férieures à l’inflation ont permis de réaliser des économies de près de 1,3 milliard de dollars uniquement grâce aux revenus des membres du SCFP. Les économies en cours d’année pour 2021 sont près de 225 millions de dollars. Le revenu annuel du SCFP serait supérieur de 4 085 $ en 2021 si cet argent avait été réparti égale- ment entre les 55 000 membres. Au fil du temps, cet écart salarial a eu des effets néfastes profonds sur le bien-être financier et personnel des travailleurs de l’édu- cation. Mais, les soucis se sont étendus aux conseils scolaires eux-mêmes qui sont confrontés à d’importants problèmes de recrutement et de rétention liés à des salaires non concurrentiels.

Les salaires des travailleurs de l’éducation en Ontario: l’impact de dix années de compression

Les travaiLes travailleurs de l’éducation du SCFP gagnent en moyenne un peu plus de 39 000 $ par année. Une décennie de restrictions salariales imposées par la loi et de positions de négociation sévères adoptées par le gouvernement et les conseillers scolaires ont fait en sorte que les salaires des travailleurs de l’éducation n’ont pas suivi le rythme de l’inflation et sont tombés sous les tendances établies pour les syndicats du secteur privé et les autres syndicats du secteur public. Au cours des dix dernières années, les salaires des travailleurs de l’éducation ont été de 8,8 % tandis que l’inflation en Ontario était d’au moins 19 %.

Les salaires des travailleurs de l’éducation ne suffisent plus, à eux seuls, à faire vivre un ménage. Selon un sondage réalisé auprès des membres du SCFP, 51,4 % des travailleurs des conseils scolaires doivent accepter au moins un emploi supplé- mentaire pour joindre les deux bouts. Les membres qui ont le plus besoin de ces emplois sont ceux qui sont le seul soutien financier de leur ménage, 64,5 % d’entre eux ayant au moins un emploi supplémentaire (environ 1/3 des travailleurs de l’éd- ucation du SCFP sont le seul soutien financier de leur ménage).

En plus d’être inférieurs à l’inflation, les salaires des travailleurs de l’éducation de l’Ontario sont inférieurs à ceux de tous les autres secteurs syndiqués de la prov- ince. Les règlements salariaux du secteur privé ont augmenté en moyenne de 20,3 % (composés) au cours de la dernière décennie, ceux des syndicats municipaux ont augmenté en moyenne de 19,1 %, ceux des syndicats dans les lieux de travail sous réglementation fédérale ont augmenté en moyenne de 18,6 % et ceux du secteur parapublic de l’Ontario (SPO) ont augmenté en moyenne de 12,2 %. Les restrictions salariales ont exacerbé l’écart salarial entre les sexes en Ontario. Les femmes représentaient plus des ¾ des répondants à un récent sondage sur les salaires des travailleurs de l’éducation du SCFP. Les femmes du secteur de l’éducation sont plus susceptibles de voir leur revenu annuel limité par dix mois d’emploi (elles sont mises à pied pendant l’été et souvent aussi pendant la relâche de décembre et de mars). Les restrictions sur les augmentations de salaire frappent particulièrement les femmes.

Au cours de la dernière décennie, les augmentations salariales qui étaient in- férieures à l’inflation ont permis de réaliser des économies de près de 1,3 milliard de dollars uniquement grâce aux revenus des membres du SCFP. Les économies en cours d’année pour 2021 sont près de 225 millions de dollars. Le revenu annuel du SCFP serait supérieur de 4 085 $ en 2021 si cet argent avait été réparti égale- ment entre les 55 000 membres. Au fil du temps, cet écart salarial a eu des effets néfastes profonds sur le bien-être financier et personnel des travailleurs de l’édu- cation. Mais, les soucis se sont étendus aux conseils scolaires eux-mêmes qui sont confrontés à d’importants problèmes de recrutement et de rétention liés à des salaires non concurrentiels.

À l’instar de tous les travailleurs, les travailleurs de l’éducation méritent une aug- mentation. Il est plus que temps de faire quelque chose pour changer les tendanc- es actuelles de stagnation des salaires et d’inégalité croissante des revenus. Il n’y a rien d’inévitable dans l’état actuel des choses. Mais, il faudra une volonté politique, et une action politique, pour améliorer la situation des travailleurs.